Exercices pour la clef 1B

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Exercice 1

Texte de base pour l'exercice
(les problèmes seront présentés à la suite du texte à l’intérieur d’une nouvelle fenêtre)

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Lisez attentivement le premier paragraphe du texte suivant puis considérez les problèmes qui l'accompagnent. (Il n'est pas nécessaire pour le moment de lire le texte en entier.)

La théorie classique [de l'origine de l'espèce humaine], on la connaît: bien que depuis trois millions d'années, les groupes de ce qu'on appelle les hominidés aient compté de nombreuses branches qui se sont éteintes, la toute dernière branche, la nôtre, celle des humains "modernes", ou Homo Sapiens, elle, ne connaît pas d'embranchements. Nous descendons tous d'un petit groupe d'humains qui aurait vécu en Afrique il y a moins de 150 000 ans, et dont la lignée s'étendrait, ininterrompue, jusqu'à nous. On se rappellera à ce sujet que des analyses de plusieurs échantillons d'ADN ont conclu il y a quelques mois que nous avions tous un ancêtre commun mâle, qui avait vécu en Afrique il y a environ 59 000 ans (à ce sujet, lire cet articlelien externe).

Sauf qu'il y a une autre hypothèse, dérangeante. L'extinction des espèces ne s'appliquerait pas qu'à des hominidés qui vivaient il y a deux ou trois millions d'années, comme les australopithèques, ou à de vagues cousins comme les Néandertaliens (disparus il y a environ 50 000 ans). L'Homo Sapiens lui-même se diviserait en plus d'une espèce, dont au moins une se serait éteinte. L'Homme serait donc bien plus fragile qu'on ne le soupçonne... Cette réapparition de la théorie des "multiples ancêtres", elle provient de prélèvements d'ADN sur neuf corps vieux de 8000 à 15 000 ans, et un dixième vieux de 60 000 ans, retrouvés en Australie. Le plus vieux d'entre eux, appelé l'homme de Mungo -- du nom d'un lac près duquel il a été trouvé il y a 26 ans-- devient du même coup le plus vieil individu dont on ait pu récupérer un fragment d'ADN intact. Et cet homme de Mungo serait, concluent des anthropologues au terme d'une comparaison entre son code génétique et celui de 1000 personnes vivant aujourd'hui, un homme tout à fait "moderne", c'est-à-dire tout à fait semblable à nous... mais un homme dont on ne retrouve pourtant, aujourd'hui, aucun descendant. L'expression "homme moderne" signifie qu'il est pareil à nous, qu'il est de la même famille que nous, au contraire des hommes du Neandertal, qui sont de lointains cousins.

Cette découverte sur l'homme de Mungo ne peut signifier qu'une chose, affirment les anthropologues de l'Université nationale de Canberra, dirigés par Alan Thorne: des Homo Sapiens vivaient en Australie il y a 60 000 ans, avant que n'y arrive l'Homo Sapiens dont nous descendons -- et qui, lui, est bel et bien originaire d'Afrique, descendant de cet ancêtre mâle qui vivait il y a environ 59 000 ans, et de cette femelle, "Eve", d'il y a environ 143 000 ans.

Les chercheurs présument que ce "second" Homo Sapiens serait originaire d'Asie, mais aurait une origine plus lointaine encore, peut-être un de ces hominidés connus depuis des décennies sous le sobriquet d'Homo Erectus, qui aurait quitté l'Afrique il y a 1,5 millions d'années. Il y a d'ailleurs longtemps que les anthropologues chinois prétendent que les preuves sur leur territoire sont suffisamment concluantes pour effectivement conclure à l'existence, jadis, d'un deuxième groupe d'Homo Sapiens.

"Ce que nos preuves appuient, écrit Alan Thorne dans les Proceedings of the National Academy of Sciences, c'est que la situation est beaucoup plus complexe que ce que les partisans de la théorie africaine ont imaginé." Les Homo Sapiens auraient pu émerger simultanément, en Afrique, en Europe et en Asie, à partir d'une descendance remontant aux Homo Erectus.

Au même moment, un autre groupe d'anthropologues, américains ceux-là, publie dans la dernière édition de la revue Science un tout autre type d'analyse, mais qui arrive lui aussi à la conclusion que l'homme moderne aurait pu compter plusieurs branches -- dont une serait liée aux Néandertaliens (alors qu'on avait conclu ces deux dernières années que les Néandertaliens étaient au contraire de lointains cousins sans lien génétique avec nous). Milford Wolpoff, de l'Université du Michigan, et ses trois collègues ont examiné des crânes anciens sur trois continents, et concluent que plusieurs groupes d'humains ont partagé des abris, de la nourriture -- et ont formé des couples, mélangeant ainsi leurs gènes respectifs.

Il faudrait, disent-ils, concentrer les recherches sur des squelettes d'il y a quelques dizaines de milliers d'années, vivant aux limites entre l'Europe et l'Asie par exemple, ou aux limites entre l'Europe et l'Afrique, afin d'en trouver qui possèdent des traits caractéristiques à deux "espèces" humaines.

Il y a bien sûr des sceptiques. Chris Stringer, du Musée d'histoire naturelle de Londres, rappelle qu'il subsiste une incertitude quant à la fiabilité de fragments d'ADN aussi anciens. Les preuves fossiles en faveur d'une seule et unique origine africaine restent également, pour l'instant, indisputées.

Mais si les partisans d'une origine "multiple" ont raison, alors cela pose un tout autre problème. On a toujours supposé que les "disparus", tels que l'homme de Neandertal, avaient pu disparaître pour des raisons qui étaient propres à leurs espèces: mauvaise adaptation aux changements climatiques, épidémies, voire guerres fratricides contre les Homo Sapiens. Mais si l'Homo Sapiens lui-même peut aussi facilement disparaître, ou du moins une ou quelques-unes de ses branches, que conclure de la branche qui nous intéresse -- c'est-à-dire nous-mêmes?

Article anonyme tiré du site WEB de l'Agence Science-Presse (http://www.sciencepresse.qc.calien externe), manchette de la semaine du 15 janvier 2001.

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© Victor Thibaudeau, mai 2008