Exercices pour la clef 2C

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exercice 1

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Au début du XXe siècle, des centaines de milliers de guépards parcouraient les savanes d'Afrique, d'Asie occidentale et d'Inde. Il n'en reste aujourd'hui que très peu, qui survivent tant bien que mal, essentiellement en Afrique méridionale et orientale, dans la région semi-aride du Sahel, au sud du Sahara et en Iran. L'espèce ne compterait plus que 5 000 à 20 000 individus en liberté, auxquels il faut ajouter 1 000 individus en captivité de par le monde, dont quelque 300 en Amérique du Nord.

Le guépard indien, proie préférée des princes moghols (Akbar avait 1 000 guépards dans sa ménagerie) a été aperçu pour la dernière fois dans la nature en 1948, date à laquelle trois jeunes mâles ont été tués par des chasseurs à Chhattisghar, dans les jungles du district de Bastar. Le dernier guépard indien en captivité est mort en 1962.

Il n'y a plus aucun guépard en Inde. Il faut dire que son milieu naturel, la savane, a disparu, de même que la plupart de ses proies naturelles. Malgré cela, le guépard, le quadrupède le plus rapide de la création, pourrait revenir rôder dans le sous-continent.

La résurrection du félin disparu s'inscrit dans le cadre d'un programme beaucoup plus ambitieux, visant à cloner et conserver les espèces en voie de disparition, notamment les grands félins. Les scientifiques espèrent défier la nature au Laboratoire pour la conservation des espèces menacées (Lacones), installation de pointe qui va bientôt voir le jour à Hyderabad. "Si tout se passe bien, nous pourrons cloner le guépard indien d'ici cinq ans", affirme Laji Singh, directeur du Centre de biologie cellulaire et moléculaire d'Hyderabad et principal instigateur du projet. La première impulsion a été donnée récemment par une dotation de 50 millions de roupies [8,5 millions de FF] du gouvernement indien. Appuyé par le département de biotechnologie, l'administration centrale des zoos, le parc zoologique Nehru d'Hyderabad et le gouvernement de l'Andra Pradesh, le projet pourrait également recevoir le soutien de certaines entreprises, telles que Reliance.

Une équipe de quatorze chercheurs dirigée par Laji Singh a d'ores et déjà commencé à constituer une banque de gènes, de sperme, d'ovules et de lignées cellulaires des espèces menacées. "Avant de commencer à cloner, nous devons nous assurer de la diversité génétique des espèces, afin de pouvoir sélectionner pour le clonage les lignages les plus diversifiés et donc les plus génétiquement résistants", explique Laji Singh. Les chercheurs disposent déjà d'un laboratoire mobile qui collecte des échantillons de liquide séminal dans les différents sanctuaires naturels du sous-continent.

Laji Singh et son équipe sont convaincus de pouvoir cloner le guépard en utilisant une femelle léopard comme mère porteuse. La technique étant encore très aléatoire et la nature restant imprévisible, il peut néanmoins couler beaucoup d'eau sous les ponts avant que Laji Singh et son équipe ne donnent naissance à un bébé guépard. D'autant qu'avant d'envisager de créer une copie conforme Laji Singh doit mettre la main sur un original. "C'est le premier obstacle que nous aurons à franchir", avoue P. Sinha, directeur de l'administration centrale des zoos. Il a déjà écrit à son homologue iranien pour lui demander deux guépards mâles ou, tout du moins, des échantillons tissulaires des animaux.

Mais voilà : le guépard iranien figure parmi les espèces les plus menacées de la planète. Il en reste moins d'une cinquantaine à l'état sauvage. Conformément à la Convention sur le commerce international des espèces menacées (CITES), il est illégal d'échanger du matériel génétique d'espèces menacées à l'état naturel. "Mais si les animaux sont élevés en captivité, nous avons légalement une bonne chance de les obtenir", affirme M. Sinha. A supposer que nous n'ayons pas le guépard iranien, pourrions-nous nous contenter de son cousin africain ? Oui, à condition qu'il soit assez proche du guépard indien disparu. Les guépards partagent pratiquement le même patrimoine génétique, et les définitions des sous-espèces sont souvent contestées. Les analyses de protéines sanguines n'ont mis en évidence que des différences minimes entre les diverses populations.

Quoi qu'il en soit, obtenir le matériel génétique original du guépard ne constitue que le premier d'une longue série d'obstacles. Les taux d'avortement des embryons clonés étant très élevés, Laji Singh devra disposer d'un nombre suffisant d'ovules de léopard, ce qui n'est pas forcément acquis car cet animal est également menacé.

Au-delà du clonage, les détracteurs du projet s'interrogent sur l'avenir du guépard. "Supposons que l'on parvienne à cloner le guépard. Très bien, mais où sont passées les savanes dans lesquelles il rôdait autrefois ? Où trouvera-t-il suffisamment de proies pour survivre ?" demande Divyabhanu Sinh, auteur de The End of the Trail. D'autres adversaires du projet soulignent également que la plupart des animaux élevés en captivité n'ont pas réussi à survivre dans la nature. Les écologistes craignent en outre que ce type de recherche futuriste n'absorbe des crédits qui seraient indispensables pour régler les problèmes très concrets de protection et de régénération des habitats naturels, de plus en plus rares.

La perspective de revoir le guépard rôder dans le paysage indien peut certes paraître très séduisante aux passionnés de la faune, mais l'avenir du félin ressuscité risque fort d'être très précaire. Si tant est que l'on parvienne à le ressusciter...

Article légèrement modifié de Rakesh Kalshian, paru dans OUTLOOK et reproduit et traduit dans le COURRIER INTERNATIONAL (http://www.courrierinternational.comlien externe), numéro 544, 5 avril 2001.

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