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Texte de base pour l'exercice
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L'élevage de saint-bernards à des fins culinaires prospère en Chine

L'élevage des saint-bernards est une activité en plein essor en Chine où le bon gros chien, symbole de la Suisse et du sauvetage en montagne, est principalement apprécié pour ses vertus culinaires.

Mais contrairement aux affirmations de certaines associations occidentales de défense des animaux, les gourmets chinois ne consomment quasiment pas de véritables saint-bernards, mais seulement des chiens locaux issus de croisements avec des saint-bernards.

"Un saint-bernard pure race, c'est beaucoup trop cher et puis c'est gentils", s'exclame Shou Weiping, directeur de la société Xianglong, spécialisée dans l'élevage canin, lors d'une visite de l'une de ses fermes à Changping, à 40km au nord de Pékin.

L'élevage ouvert l'an dernier abrite quelque 200 gros chiens, principalement des bâtards, enfermés dans des cages minuscules où ils passent leurs journées dans des conditions d'hygiène déplorables. Les reproducteurs sont un peu mieux traités: ils ont droit de sortir de leur cage une fois pour jour [sic] avant d'être attachés par une laisse à un piquet, mais à l'air libre.

"Avec de 600 à 1000 chiens, cela commence à devenir véritablement rentable", explique M. Shou, un technicien recyclé depuis trois ans dans l'élevage canin où il espère bien faire fortune.

En reproduisant et en croisant des chiens de race, comme des saint-bernards, des bergers, des Pyrénées ou des pointers anglais, il vise tantôt le marché des animaux domestiques, tantôt celui de la viande de boucherie.

"Les saint-bernards pure race servent uniquement à la reproduction. Seuls les croisements avec des chiens locaux peuvent être utilisés comme viande de boucherie", explique-t-il.

Les chiens de boucherie sont généralement abattus en étant saignés à la patte. "C'est vrai, ils mettent environ dix minutes à mourir, mais la viande est meilleure", concède-t-il.

Selon Dong Dehui, un responsable de "l'Institut de recherche sur la viande canine" de Shenyang (Nord-Est), l'engouement pour la viande de chien reste vif principalement dans le Nord-Est du pays, mais également dans le Sud.

"Les chiens ont une très grande valeur nutritive, leur viande est tendre, et a un effet bénéfique sur les maladies des reins et de la rate" assure-t-il.

En élevant des chiens de boucherie produits à partir de trois à quatre saint-bernards importés chaque année, son "institut", partiellement financé par la province du Liaoning (Nord-Est), gagne de 2 à 3 millions de yuans (de 240 000 à 362 000 $ US) chaque année.

L'intérêt des éleveurs chinois pour le saint-bernard s'explique par la taille de l'animal -- qui peut peser jusqu'à 100 kg --, sa résistance physique et son bon rapport qualité-prix. "C'est un chien qui grossit très vite et ne mange pas pour plus de 2 yuans (0,24 US) par jour, voire moins pour un hybride, et dont la femelle a des portées de 10 à 12 chiots par an", note M. Dong.

La viande se vend elle à 17 yuans le kilo dans le Nord-Est, voire 20 yuans dans les environs de Pékin, ce qui la rend attrayante face au porc.

"Les Chinois ont mangé du chien bien avant de manger du porc" observe M. Shou, selon qui de plus en plus de Chinois mangent du chien, même s'il s'agit encore principalement d'une spécialité régionale. Avec la baisse du prix du porc, l'intérêt de certains éleveurs s'est reporté sur le chien de boucherie qui permet des recettes plus substantielles.

Des petits élevages se sont ouverts un peu partout en Chine, tandis qu'une vingtaine de gros centres industriels ont été répertoriés par l'association SOS Saint Bernard Dogs International qui a demandé au gouvernement suisse d'intervenir auprès des autorités chinoises.

"Nous ne pouvons pas rester les bras croisés et si pour l'instant la viande de saint-bernard reste encore trop chère, cela risque de se banaliser dans quelques années" note Éléonore Moser, présidente de l'Association, basée à Genève.

Le mystère reste entier sur la provenance exacte des saint-bernards importés par la Chine, pour des prix pouvant atteindre 100 000 yuans (12 000 $ US), alors que le gouvernement suisse assure qu'aucun ne provient d'élevages suisses.

"Je crois qu'ils viennent de Suisse et qu'ils sont importés comme animaux de compagnie", estime M. Dong, tandis que M. Shou a entendu parler d'une filière russe.

Article de Elizabeth Zingg, paru dans LA PRESSE, le 27 février 2001, p. B4.

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