La méthode

Comment et quand appliquer la méthode des «88 clefs»

Pour utiliser la méthode et pour rendre réellement service à un étudiant, il n'est pas nécessaire de se donner la mission de tenir compte de toutes les difficultés énumérées dans la liste. Ce serait là une tâche qui pourrait se révéler un peu trop exigeante.

Il est préférable d'aborder la méthode d'une manière plus modeste. On peut se contenter, lors d'une première utilisation, de porter attention seulement à quelques-uns des problèmes énumérés dans la liste -- par exemple à quelques problèmes qui sont plus fréquents dans le domaine en jeu ou pour lesquels on se sent plus à l'aise de faire des remarques. Progressivement, on sera sans doute porté à inclure d'autres considérations, pour finir par tenir compte de la plupart des problèmes énumérés dans la liste - étant entendu toutefois qu'un certain nombre de problèmes énumérés peuvent ne jamais se rencontrer dans un domaine ou dans un type de texte en particulier.

Il faut savoir par ailleurs que la méthode n'est pas utilisable en toute circonstance et pour tout type de textes. En particulier, elle est à peu près inapplicable dans le cas d'un texte qui comporte de trop gros problèmes de logique (outre peut-être la mention 13c : "on saute du coq à l'âne / passage confus").

L'identification des problèmes peut se faire dans un contexte relativement gratuit : on ne sanctionne pas les problèmes observés; on ne fait que les souligner aux étudiants concernés, leur laissant le soin d'en prendre conscience et d'en comprendre la nature, puis, éventuellement, de travailler librement à développer les habiletés qui leur permettraient d'éviter de répéter les mêmes erreurs.

L'identification des problèmes peut par ailleurs servir à motiver une partie des points alloués à un texte. Il ne faut pas cependant voir là l'ajout de nouveaux critères, de nouvelles contraintes : la liste permet tout simplement d'évaluer plus précisément ce que l'on cherche de toute manière à évaluer dans un texte rédigé par un étudiant ou une étudiante. En effet, assez communément, on se demande de façon plus ou moins explicite si le texte évalué est cohérent, si les idées exposées sont bien cernées, bien fondées, bien documentées, si l'argumentation est bien menée, si la conclusion est justifiée. Le recours à la liste permet de considérer ces questions explicitement et systématiquement; elle permet par conséquent d'indiquer très clairement à l'étudiant ou l'étudiante la nature des difficultés observées, et cela de manière on ne peut plus économique puisqu'il suffit d'inscrire quelques codes en marge du texte.

En corrigeant un texte, il n'est pas nécessaire en effet de rédiger un commentaire pour expliquer à l'étudiant le ou les problèmes identifiés; en général, il est même préférable de n'écrire que les codes (sans les mots-clefs qui les accompagnent sur la liste abrégée) : de cette façon, l'étudiant devra lui-même aller lire les explications qui sont données sur la liste détaillée et y consacrer un peu d'attention et de réflexion. Cela peut être formateur.

Évidemment, pour cela, il faut préalablement avoir distribué à chaque étudiant une copie papier de la liste détaillée des "88 clefs" et avoir pris en classe 15 minutes pour expliquer la nature de la méthode, les raisons qui motivent un enseignant à l'utiliser ainsi que l'intérêt profond qu'a chaque étudiant à faire identifier les problèmes de cet ordre dans ses travaux écrits.

Il peut être utile par la suite, en remettant les copies annotées, de souligner à toute la classe un problème qui s'est révélé assez répandu et qui vous semble important.

Pour d'autres conseils d'utilisation, voyez la page «questions fréquemment posées».

© Victor Thibaudeau, mai 2008