L’influence du stoïcisme dans les Fondements de la métaphysique des mœurs : une appropriation rhétorique?

10 septembre 2022

Parution récente de Luc Langlois

Cette contribution est parue dans l’ouvrage Kant et les Grecs, hier et aujourd’hui, S. Grapotte, D. Lang, M. Lequan ( dir.), Vrin, Paris, juin 2022.

Argumentaire 

Peu avant la rédaction des Fondements de la métaphysique des mœurs, Kant s’est occupé de stoïcisme à travers la traduction et le commentaire du De officiis de Cicéron par Christian Garve. On a de fait souvent prétendu que la morale de Kant avait été influencée par le stoïcisme. L’auteur montre cependant que ce rapprochement a une portée essentiellement pédagogique et rhétorique. Si les thèmes stoïciens de la vie vécue  convenienter naturae et de l’humanité comme fin trouvent un écho dans les formules de l’impératif catégorique de la loi de la nature et de la  personne comme fin en soi, c’est en un sens radicalement différent de ce qu’entendait le stoïcisme. C’est que Kant admet d’emblée que la formule générale de l’impératif catégorique (celle de la loi universelle) a un caractère abstrait, et qu’elle gagne à être illustrée à travers des formules intuitivement plus parlantes.  Les Fondements de la métaphysique des mœurs, il est intéressant de le noter, sont le seul ouvrage où Kant propose une pluralité de formules. En s’appropriant une « imagerie » stoïcienne très connue à son époque pour illustrer l’exigence de l’impératif catégorique, Kant en renverse pourtant complètement le sens au nom de sa conception moderne de la moralité fondée sur le principe de l’autonomie de la volonté.

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