Émotions et humilité épistémique face à un avenir incertain

Heure: 15h30 à 17h
Lieu: FAS 413
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Conférence de Juliette Vazard dans le cadre des Ateliers de philosophie moderne et contemporaine
Résumé: Nous vivons une époque de grande incertitude, dans laquelle il est difficile de s’appuyer sur les repères du passé pour créer des cartes mentales de l’avenir. Il existe une variété d’états mentaux à travers lesquels nous appréhendons l’incertitude du futur : anxiété, espoir, désespoir, foi, optimisme, pessimisme, etc. Une première remarque que je ferai est que chacun de ces états s’accompagne d’une position épistémique distincte vis-à-vis des futurs possibles : plus ou moins de confiance, de conscience de notre ignorance, et de volonté d’apprendre sur ces futurs. Je me concentrerai sur les émotions d’anxiété et d’espoir, et suggérerai qu’elles manifestent une forme d’humilité face à l’incertitude: une conscience de notre vulnérabilité à la contingence. Concrètement, je soutiendrai que des émotions telles que l’espoir et l’anxiété déclenchent un raisonnement de crédence : un type de raisonnement sur l’avenir qui nous incite à prendre en compte différents niveaux de confiance envers des scénarios possibles. Je soutiens que cela permet de distinguer l’espoir d’autres attitudes positives face à l’incertitude, comme la foi ou l’optimisme, qui ne manifestent pas le même degré d’«humilité épistémique». Je soutiens également que si la foi et l’optimisme suggèrent un investissement excessif dans certains futurs possibles, à l’autre extrémité du spectre se trouve l’état dépressif, dans lequel on se trouve incapable de s’investir émotionnellement dans quelque perspective que ce soit. Dans ce cas, la perte d’espoir se traduit par une réduction de l’investissement cognitif dans des futurs possibles.
Biographie: Juliette Vazard est une post-doctorante à la City University of New York, sous la supervision de Jesse Prinz. Elle travaille à l’intersection de la philosophie de l’esprit, de l’épistémologie et des sciences cognitives. Son projet postdoctoral s’intitule «Comment nous ressentons l’avenir : espoir, anxiété et pensée hypothétique» et concerne les interactions entre émotion et cognition dans notre appréhension de possibilités futures et leur valeur pour nous. Elle a effectué son doctorat conjointement à l’Institut Jean Nicod à Paris et au Centre interdisciplinaire pour les sciences affectives à Genève, sous la supervision de Jérôme Dokic et Fabrice Teroni. En 2019-2020, elle a été chercheuse invitée au département de philosophie de l’Université de New York.
Quand? Jeudi 24 novembre 2022 de 15h30 à 17h
Lieu? FAS-413, Salle du conseil
Organisateurs: Catherine Rioux et Jérôme Gosselin-Tapp