Injustices épistémiques, médicalisation et Mad Studies

Heure: 15 h 30
Lieu: FAS 413
Pour information
catherine.rioux@fp.ulaval.ca
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Conférence d’Anne-Marie Gagné Julien (McGill)
Dans le cadre des Ateliers de philosophie moderne et contemporaine
Résumé: Un ensemble de travaux récents concerne la médicalisation et la manière dont ce processus peut créer des injustices épistémiques. Plusieurs autrices et auteurs se sont concentrés sur la médicalisation en tant que processus herméneutique qui façonne les cadres conceptuels que nous utilisons pour nous référer à certaines conditions/expériences (ex. : la dépression conçue comme un trouble mental). En parallèle, certains chercheuses et chercheurs ayant une expérience vécue de la « folie » (ou madness) ont commencé à explorer les préjudices épistémiques subis par la communauté Mad. Sur cette base, je soutiens que le processus de médicalisation en psychiatrie affecte la communauté Mad d’une manière spécifique qui a été négligée dans la littérature sur la médicalisation et l’injustice épistémique. En effet, la médicalisation peut créer ce que l’on appelle une « injustice contributive ». Cette forme d’injustice se produit lorsque des communautés marginalisées ont pu créer des ressources herméneutiques alternatives, mais que ces ressources sont écartées ou discréditées par le groupe dominant. Je soutiens que le domaine émergent des Mad Studies est victime de ce type d’injustice lorsque leurs expériences sont unilatéralement médicalisées.
Biographie: J’ai complété un doctorat à l’Université du Québec à Montréal, sous la direction de Luc Faucher (UQAM) et Maël Lemoine (Université de Bordeaux). Ma thèse de doctorat, intitulée « Vers une définition socialement construite et objective du trouble mental », porte sur l’objectivité du concept de trouble mental et sur le débat entourant le problème de la médicalisation en psychiatrie. Je suis actuellement boursière postdoctorale à l’Unité d’éthique biomédicale de l’université McGill, sous la supervision de Phoebe Friesen. Je suis également affiliée à l’École Normale Supérieure (Paris) et au Centre de recherche en éthique (Montréal). Mes intérêts de recherche se situent à l’intersection de la philosophie et de l’éthique de la psychiatrie, de la philosophie féministe des sciences et de l’épistémologie sociale. Mon projet de recherche postdoctorale vise à explorer les questions épistémologiques et politiques entourant le processus de révision du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM). L’objectif principal de ce projet est de promouvoir un modèle décisionnel plus inclusif applicable aux structures de l’Association de Psychiatrie Américaine pour inclure, exclure ou réviser les catégories diagnostiques du DSM.
Quand? Mercredi 21 septembre à 15 h 30
Lieu? Salle du conseil, FAS-413