Les fondements

Introduction [note 1]

Chaque programme d'études universitaire vise de toute évidence à transmettre certaines connaissances ou habiletés de haut niveau propres à une discipline ou à un champ professionnel. Mais la formation universitaire vise aussi certains objectifs qui, tout en le présupposant, transcendent le cadre disciplinaire ou professionnel. En effet, on attend par exemple d'un bachelier [note 2] qu'il soit capable de percevoir les limites de sa discipline ou de son champ d'études et qu'il soit capable de les situer par rapport à d'autres disciplines ou champs d'études connexes; on veut qu'il ait acquis la capacité de penser de nouveaux sujets de manière autonome et rigoureuse et qu'il soit capable d'entretenir des rapports féconds avec des spécialistes formés en d'autres domaines; enfin, on souhaite qu'il sache exprimer par écrit ce qu'il connaît, avec simplicité, précision et cohérence. [note 3]

Or, il n'est pas toujours évident que les programmes d'études arrivent à former des spécialistes qui ont toutes ces habiletés, ou qui les ont à un degré que l'on serait en droit d'attendre de la part de diplômés du premier cycle. C'est là du moins une critique adressée aux universités par certains observateurs extérieurs aussi bien que par les membres de diverses commissions d'études mises sur pied notamment par les universités mêmes. [note 4]

Le présent texte veut éclairer le sujet en montrant que le développement de diverses habiletés d'ordre logique serait susceptible de contribuer significativement à l'atteinte de tels objectifs. Il ne propose pas cependant de corriger la situation en incluant tout bonnement dans chaque programme d'études un cours centré sur le développement de ces habiletés. Cette approche nous semble trop partielle; elle soulève aussi diverses difficultés qui expliquent en partie pourquoi on fait si peu en cette matière alors que plusieurs intervenants, à tous les niveaux, et depuis longtemps, attirent l'attention sur ces problèmes et demandent divers changements. Nous proposons plutôt d'utiliser dans les cours disciplinaires ou professionnels une méthode que nous avons développée et qui a été expérimentée depuis deux ans par plusieurs professeurs et dans plusieurs programmes : la méthode des 88 clefs pour annoter les textes des étudiants et des étudiantes. Comme nous le verrons, cette méthode semble répondre au besoin évoqué sans comporter les inconvénients des autres approches.

© Victor Thibaudeau, mai 2008